L'éducation durable : enjeux et réalités à l'heure de l'internationalisation et de la marchandisation
Dans le monde d'aujourd'hui, où l'éducation est de plus en plus influencée par des forces globales, la question de l'éducation durable se pose avec une acuité renouvelée. Ce concept, bien que largement discuté dans les cercles académiques et politiques, reste complexe à mettre en œuvre, en particulier face aux pressions croissantes de l'internationalisation et de la marchandisation. Cet article explore les principaux défis liés à l'éducation durable, en s'appuyant sur les analyses d'une étude académique récente, pour offrir une réflexion approfondie aux professionnels de l'éducation, notamment ceux impliqués dans l'éducation à la durabilité environnementale.
L'éducation durable : ne théorie éloignée de la réalité
L'éducation durable est souvent définie comme un processus éducatif visant à équilibrer le développement économique et social tout en répondant aux besoins humains fondamentaux. Pourtant, dans un contexte de mondialisation, l'éducation internationale, dominée par les pays occidentaux, tend à orienter le développement global au détriment des priorités nationales des pays émergents. Cela crée une situation où le développement national devient secondaire, et où l'éducation durable se transforme en un concept théorique, difficilement applicable dans la pratique.
Ce phénomène est aggravé par le fait que les élites locales des pays en développement utilisent l'éducation comme un outil pour renforcer leur propre position sociale. Elles introduisent des modèles éducatifs axés sur le marché, qui favorisent une éducation élitiste et spécialisée, inaccessible aux populations défavorisées. Ainsi, l'éducation devient un moyen de creuser les inégalités, plutôt qu'un levier de développement équitable. Les établissements publics, qui offrent une éducation gratuite, deviennent de moins en moins efficaces, tandis que les établissements privés, souvent luxueux, se concentrent davantage sur l'apparence que sur la qualité du contenu éducatif.
La marchandisation de l'éducation : un obstacle à la durabilité
La marchandisation de l'éducation, encouragée par la globalisation, présente un défi majeur pour la durabilité. Les établissements éducatifs, en quête de survie dans un marché de plus en plus compétitif, adoptent des stratégies commerciales qui privilégient les profits immédiats au détriment de la durabilité à long terme. Ce phénomène est particulièrement visible dans l'enseignement supérieur, où l'internationalisation se traduit souvent par une dépendance excessive à l'égard des modèles occidentaux.
Les universités des pays en développement, loin d'être des centres autonomes de recherche et d'innovation, se contentent souvent de reproduire les connaissances et les pratiques développées dans les pays occidentaux. Ce modèle unilatéral d'internationalisation réduit la capacité de ces institutions à contribuer de manière significative au développement local. De plus, la migration des étudiants talentueux vers les pays développés, attirés par de meilleures opportunités, entraîne une perte de capital humain pour les pays d'origine, limitant encore davantage leurs perspectives de développement durable.
Vers une éducation durable : réflexions et propositions
Pour répondre à ces défis, plusieurs propositions émergent de l'analyse. Premièrement, il est essentiel de standardiser les programmes éducatifs nationaux en les alignant sur les objectifs de développement économique et social du pays. Cette standardisation devrait viser à créer un système éducatif homogène et équitable, où la sélection des étudiants repose uniquement sur le mérite, indépendamment de leur statut socio-économique.
Deuxièmement, il convient de redéfinir le concept d'éducation gratuite. Au lieu de l'actuel système basé sur le type d'établissement (public, privé, semi-public), l'éducation gratuite devrait être attribuée en fonction des besoins socio-économiques des étudiants. Cela permettrait d'assurer que les ressources éducatives soient distribuées de manière plus équitable, tout en offrant un soutien supplémentaire aux étudiants les plus défavorisés.
Troisièmement, il est nécessaire de réformer le financement de l'éducation en s'assurant que le coût de production de l'éducation soit calculé scientifiquement pour chaque programme et niveau d'enseignement. Les établissements éducatifs devraient fixer les frais de scolarité en fonction de ces coûts, tout en garantissant un profit minimal pour assurer leur viabilité.
Enfin, une plus grande implication de l'industrie dans l'élaboration des programmes d'enseignement supérieur est indispensable. Cette collaboration permettrait de mieux aligner l'éducation sur les besoins du marché du travail, tout en assurant une meilleure intégration des diplômés dans le tissu économique. Un système de prélèvement industriel bien régulé pourrait également encourager une participation plus active des entreprises dans le financement et l'amélioration des programmes éducatifs.
Conclusion
L'éducation durable, loin d'être un simple concept théorique, doit être considérée comme une priorité pour les systèmes éducatifs des nations émergentes. Face aux défis de l'internationalisation et de la marchandisation, il est impératif de repenser les modèles éducatifs pour les aligner sur les objectifs de développement durable. En standardisant les programmes, en révisant le concept d'éducation gratuite, et en impliquant davantage l'industrie, les nations peuvent espérer construire des systèmes éducatifs véritablement durables, capables de répondre aux besoins de leurs populations tout en contribuant à un développement global plus équitable.
Lien vers l'article
https://www.mdpi.com/2071-1050/15/2/1315
Citation
Alam, Gazi Mahabubul. 2023. "Sustainable Education and Sustainability in Education: The Reality in the Era of Internationalisation and Commodification in Education—Is Higher Education Different?" Sustainability 15, no. 2: 1315. https://doi.org/10.3390/su15021315