De l'anthropocène à la prospérité mutuelle : un agenda pour l'enseignement supérieur dans l'Ecozoïque
Critique de l'éducation actuelle
Les auteurs critiquent l'enseignement supérieur actuel, qu'ils estiment complice des crises écologiques globales en enseignant des méthodes de domination et de séparation. Ils montrent comment les manuels universitaires en économie, droit et sciences naturelles perpétuent des 'ologies destructrices' - des paradigmes basés sur la séparation, la domination et le développement économique au détriment des écosystèmes.
Ontologie de la séparation
L'ontologie de séparation voit les humains et la nature comme des domaines distincts. Cette vision dualiste, héritée de la philosophie grecque et de la pensée chrétienne, place les humains au-dessus des autres formes de vie. Les manuels de droit, par exemple, traitent la nature comme un objet de droits humains, sans reconnaissance de son intrinsicité.
Épistémologie de la domination
L'épistémologie de la domination impose des définitions étroites et exclusives du savoir, marginalisant d'autres formes de connaissance. Les auteurs soulignent comment les manuels économiques normalisent des modèles abstraits et universels, ignorant les traditions économiques locales et les perspectives alternatives.
Axiologie du développement
Les manuels actuels promeuvent une axiologie du développement, où la croissance économique est synonyme de progrès. Cette vision réifie la domination des ressources naturelles pour des gains économiques, souvent au détriment des écosystèmes et des communautés locales.
Vers une éducation Ecozoïque
Pour répondre à ces critiques, les auteurs proposent un cadre éducatif radicalement différent, axé sur l'‘Ecozoïque’ - une ère de relations mutuellement bénéfiques entre les humains et la nature. Ce cadre repose sur trois principes clés : une ontologie d'interconnexion, une épistémologie de la relation et une axiologie de la pluralité des valeurs.
Ontologie d'interconnexion
Les auteurs appellent à une ontologie reconnaissant l'interconnexion profonde entre tous les êtres vivants. Cela implique une éducation qui valorise les relations et la co-dépendance entre les humains et la nature, et non leur séparation.
Épistémologie de la relation
Une épistémologie de la relation promeut des façons de connaître basées sur l'égalité et la co-création du savoir. Les auteurs soulignent l'importance d'inclure des connaissances indigènes et traditionnelles dans les curricula académiques, offrant une vision plus holistique et intégrée du monde.
Axiologie de la pluralité des valeurs
Les auteurs plaident pour une axiologie qui reconnaît et valorise la diversité des mondes et des façons de vivre. Ils encouragent l'adoption de valeurs écocentriques qui respectent les besoins de toutes les formes de vie et les écosystèmes.
Conclusion
En conclusion, les auteurs appellent à une transformation radicale de l'éducation supérieure. Ils insistent sur l'importance de former des étudiants capables de construire des sociétés durables, justes et respectueuses de toutes les formes de vie. L'adoption des 'ologies de l'Ecozoïque' peut guider cette transformation, offrant un cadre pour une éducation qui prépare réellement les générations futures à vivre en harmonie avec notre planète.
Les professionnels de l'éducation sont invités à repenser leurs méthodes pédagogiques et à intégrer ces principes dans leurs programmes. Il est temps de passer d'une éducation qui perpétue la crise à une éducation qui construit un avenir durable et équitable pour tous.
Lien vers le document
https://www.mdpi.com/2071-1050/11/12/3312
Citation
Vargas Roncancio, Ivan, Leah Temper, Joshua Sterlin, Nina L. Smolyar, Shaun Sellers, Maya Moore, Rigo Melgar-Melgar, Jolyon Larson, Catherine Horner, Jon D. Erickson, and et al. 2019. "From the Anthropocene to Mutual Thriving: An Agenda for Higher Education in the Ecozoic" Sustainability 11, no. 12: 3312. https://doi.org/10.3390/su11123312